Mathurin Boscher est né en 1875 dans une ferme de Quintenic, près de Lamballe, Côtes d'Armor.

A 10 ans son bras est happé par un broyeur à joncs. Handicapé pour la ferme, il poursuit l'école, devient instituteur à Saint-Barnabé, près de Loudéac, où il met au point une méthode d'apprentissage de la lecture, écriture, calcul.
La "Méthode Boscher" a vite du succès auprès de ses collègues et se répand dans toute la francophonie.
Il devient le premier maire socialiste des Côtes-du-Nord en 1912. Il meurt d'urémie à 40 ans en 1915.


Article de Clarisse Lucas, AFP (2006)

Best-seller de l'édition scolaire, la "Méthode Boscher" a 100 ans

SAINT-BARNABÉ (AFP) - Best-seller de l'édition scolaire, la "Méthode Boscher" fête ses 100 ans dimanche à Saint-Barnabé (Côtes-d'Armor), le village où elle a été élaborée par un instituteur breton, avant de guider des générations de francophones vers la lecture.
Cette méthode encore vendue chaque année entre 70.000 et 100.000 exemplaires selon son éditeur, Belin, pourrait bien connaître une nouvelle jeunesse : en mars, le ministère de l'Education nationale a en effet proscrit les méthodes globales d'apprentissage de la lecture et prié les enseignants à s'en tenir à l'approche syllabique.

"J'ai appris à lire avec cette méthode dans les années 1960, témoigne Alain Connan, le responsable du musée de l'Education de Saint-Brieuc. On lit, par exemple, +Dédé est malade+. Sous la phrase, les syllabes, +da, de, du, do, etc...+. Puis des mots, parfois accompagnés de dessins, associant les syllabes: +dé, dodo, remède, domino, etc...+".

De France, où il s'achète à l'hypermarché, à Madagascar où il demeure le livre de référence pour l'apprentissage de la lecture, la "Méthode Boscher" se vend dans l'ensemble du monde francophone. "On a même retrouvé une contre-façon au Vietnam", s'amuse Marceau Ginesy, président du comité de commémoration.

Bien qu'elle n'ait jamais été vraiment en odeur de sainteté dans l'Education nationale, "les gens ont conservé une relation affective avec cette méthode", assure Stéphanie Sérandour qui a consacré un mémoire de maîtrise à son créateur, Mathurin Boscher, un homme au parcours surprenant.

Né en 1875 dans une famille de paysans de la région de Lamballe, il échappe au destin familial car, à 10 ans, il perd une main dans une broyeuse à jonc. Handicapé, il se tourne alors vers l'éducation.

Entré à 17 ans à l'Ecole normale de Saint-Brieuc, il obtient son CAP en 1897. Six ans plus tard, il est nommé à Saint-Barnabé, une commune rurale du centre-Bretagne, avec son épouse, elle aussi institutrice.

"Jusque-là, on apprenait à lire avec des abécédaires et des syllabaires. Mais il était difficile d'enseigner dans une classe à plusieurs niveaux. C'est alors qu'il a trouvé des techniques pour faciliter l'apprentissage et en a fait une méthode", retrace Mme Sérandour.

La première édition de la "Méthode Boscher" date de juillet 1906. Sous-titrée "la journée des tout petits", elle aborde, outre la lecture, l'orthographe et l'écriture, le "calcul" et la "leçon de choses" et déroule un programme quotidien pour l'enseignement. En 1907, un nouveau tirage de 5.000 exemplaires est effectué.

Avec divers aménagements, dont le passage à la couleur en 1939, le succès ne se démentira plus malgré l'organisation artisanale, jusqu'à la reprise par Belin en 1984.

Pédagogue et militant, Boscher était un "esprit indépendant", "un rebelle permanent" autant qu'un "innovateur", affirme Alain Prigent, historien. Issu d'un monde rural et catholique, c'était "un laïc convaincu" dans une période troublée.

Franc-maçon, syndicaliste "de premier plan", il devient en 1912 le premier maire socialiste des "Côtes du Nord". "Il a oeuvré à contre-courant toute sa vie", résume M. Prigent.

Mathurin Boscher meurt en 1915 d'urémie. Il n'avait pas encore fêté ses 40 ans.

Source : AFP



Débat sur la "méthode Boscher" : site Neoprofs